Après deux nuits dans la Backcountry Unit 8, je fais route vers la Backcountry Unit 31. Pas un ours pour le moment. Le retour se fera, à ma plus grande surprise (et à mon plus grand plaisir) beaucoup plus facilement que l'aller! Cette fois ce n'est pas des marécages; il s'agit davantage d'une forêt d'arbustes. Ils ne dépassent pas 2 mètres et sont denses. La probabilité de surprendre un ours étant élevée, je fais jouer mes cordes vocales.
Je remonte une rivière et parviens aisément à la Backcountry Unit 31. Là encore, le terrain est plutôt agréable. Mais plus je m'enfonce, plus la forêt devient dense, plus le relief devient important, plus les moustiques m'agressent. Je décide de m'en débarrasser en montant en altitude (lentement vous imaginez bien). 500, 1000, 1500 mètres. Ils ne me lâchent pas. Bon... Il me reste plus qu'à les ignorer. De toute façon, j'ai d'autres préoccupations: le temps.
Mes craintes étaient fondées. Il pleut. Sans arrêt. Je dévale des pentes escarpées et rocailleuses, je suis des ruisseaux vaseux, je fais demi-tour. Mon objectif est alors d'atteindre Toklat River. Mais je ne la vois pas. Je dois être encore loin. De toute façon il commence à se faire tard, autant établir mon camp.
4:39 AM: Les loups hurlent et me réveillent. Ils doivent être à un peu moins d'1 km. Les ossements de caribou qui longent la rivière où je me suis installé ne m'étonnent plus. Je sais désormais qui sont les coupables...
7:50 AM: Je repars. De toute façon, je n'arrive pas à dormir. L'hypothermie me fait peur.
Allez Fabien! Tiens le coup! Ça ne fait que 4 jours! Décidé, je continue mon chemin en direction de la rivière. Il pleut, encore et toujours. Me revoilà dans le paradis des élans: les marécages. J'ai le moral au plus bas. Je ne protège même plus mes affaires. De toute façon, elles sont complètement trempées. Je ne trouve aucun lieu convenable pour m'installer. Tout est vaseux. Je décide alors de revenir à l'entrée de la Backcountry Unit 31. Ça me prendra 6 heures. En tout 9h de marche, avec ces satanés 27 kg. J'en peux plus...
Enfin arrivé, à quelques mètres de la route mais à l'abri des regards , je m'étale, épuisé, sur cette petite parcelle; la seule solide que j'ai pu trouver.
8:00 PM: Je m'endors... Les lombaires torturées, les épaules courbaturées.
De cette épreuve solitaire de 5 jours, j'ai appris beaucoup de choses. Bien que la perception d'être seul dans ce monde sauvage soit excitante, elle est bien plus difficile à supporter qu'elle n'y paraît. Il s'agit d'une véritable épreuve physique et mentale.
Si vous vous lancez dans une telle expérience, soyez conscient des difficultés que vous devrez surmonter. Je ne vous dirai qu'une chose, basée sur cette expérience: Que le temps soit avec vous.
Ta crainte était légitime..
RépondreSupprimerFacteurs augmentant les risques d'hypothermie:
a)Exposition prolongée à une température en dessous de zéro, voir même au-dessus de zéro avec vent
b)Fatigue générale,insuffisance calorique
c)Etre un homme (statistiquement beaucoup plus d'hommes que de femmes souffrent d'hypothermie)
d)Vêtements mouillés
Tu as su réviser ton projet initial et penser à ce point "l'hypothermie" qui après consultation de différents sites sur Internet n'a effectivement rien d'anodin..chapeau bas !!!
"Que la sagesse soit avec toi"