Mardi 30 août :
Encore une fois, je
fais la récolte des myrtilles. En effet, le temps est clément et il s’agit du
dernier jour du mois d’août ; en d’autres termes du dernier jour de
récolte envisageable avant que les myrtilles ne soient trop mûres. Me
remémorant la douleur de ma précédente récolte (à être plié pendant 4h) et
rassasié par le bison burger, le milk-shake et le sundae de la veille (et donc
a fortiori plus enclin à laisser les myrtilles tomber dans mon panier plutôt
que dans ma bouche), je décide aujourd’hui d’être performant. Résultat :
5,340kg de myrtilles en 3h.
Le reste de la
journée, je fais de multiples tâches : nourrir leurs 37 poules,
déplacement de certains objets, par ci par là.
Sinon, quoi d'autre... Ah oui! Je n’ai pas toujours accès à la salle de bain. En effet, j’utilise la même que les clients logeant dans la tente. Autrement dit plus il y a de clients, moins je peux prendre de douches. Les tentes étant très souvent utilisées, je suis plus ou moins en train de faire du camping. Et oui, tout n’est pas rose dans la vie d’un WWOOFER. Je vais donc profiter de ce jour ensoleillé pour prendre une douche … dans la rivière. Oui… Il faut parfois souffrir pour être propre. Je n’ai pas pu mettre tout mon corps dedans. En 20 secondes, je ne sens déjà plus mes pieds.
Mercredi 31 août/Jeudi 1 septembre :
En parallèle de
nombreuses activités, (telles que la joie de nettoyer les excréments de ces chers
gallinacés), j’accompagne Audie pour un grand nettoyage. Il utilise la
tronçonneuse pour couper tous les « cottonwood », arbres peu
appréciés par les Alaskiens. En effet, ils ont la fâcheuse tendance de croître
pendant 30 ans et à pourrir de l’intérieur en fin de vie. Aussi, ils
s’effondrent pouvant créer des dommages importants aux constructions avoisinantes.
Autant, s’en débarrasser. Pendant qu’Audie déblaie toute la zone, je suis en
charge du transport des troncs et de l’établissement d’un foyer que nous
brûlerons plus tard.
Bien sûr, on en
profite pour prendre tout le bois mort des environs. Deux jours épuisants…
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Avant |
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Après |
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Et le foyer qui en résulte (et oui tout ce bois doit disparaître!) |
Jeudi 2 septembre :
J’ai oublié de vous
parler de ma "tâche aléatoire" ; celle que je fais
lorsqu’Audie et Jenni n’ont pas encore trouvé d’idées de travaux : le
ramassage des « fox tails ». Ces très jolies plantes sont une menace
pour Aurora et Boréalis, nos deux malamutes. Ces derniers, se nourrissant
d’herbes peuvent, par accident en avaler une et mourir asphyxier. Autant éviter
ce drame. Cette tâche interminable est donc une activité que je fais parfois 15 minutes,
parfois 1 heure, certains jours. En tout cas, j’ai le sentiment d’en être arrivé au
terme aujourd’hui.
Suite à cela, je me
rends dans une de leur « tente deluxe ». Elles sont équipées un peu
comme celles en Afrique, à une différence près : l’épaisseur de la
couette! L’intérieur de la tente étant à température ambiante (très froid
la nuit), il est indispensable d’avoir une bonne protection ! Désormais,
les conditions sont trop dures pour les louer. Le climat devient un peu celui que j'ai connu à Denali: froid et humide. On appelle ça
« raw ». Bref. Tout est il que, la
peinture étant partie à certains endroits, je dois poncer le sol à l’aide d’une ponceuse et d’un aspirateur d’une marque qu’Audie apprécie tout
particulièrement pour la qualité de leur produit : Festool.
Quelques anecdotes:
* Durant le repas nous entendons une sirène. Je continue, imperturbable, à déguster mon repas. Ce n'est pas le cas de tout le monde... Audie et Jenny réagissent soudainement et s'agitent, tout excités. Ah oui... Le bush... En 15 ans, Audie n'a entendu que 2 fois une sirène à Paxson. Probablement un "Alaska State Trooper", faisant un passage dans les environs, a trouvé un chauffard faisant un léger excès de vitesse. Enfin là, il faut reconnaître pour le pauvre automobiliste, c'est pas de chance...
* Alaska's Permanent Fund Dividend:
En parcourant un magazine, durant le repas je tombe sur cette publicité.
"Use Your PFD NOW!! "
A côté de ce slogan figure un énorme pick-up V8, rêve de tout Alaskien. Mais qu'est ce que le PFD? Il s'agit d'une compensation annuelle que chaque citoyen d'Alaska reçoit suite à l'exploitation de leur terre (l'Alaska) par les filiales pétrolières. Il faut avoir vécu au moins 5 ans en Alaska et y rester au moins 6 mois par an pour pouvoir bénéficier de cette aide. Audie et Jenny m'explique alors ce qu'ils reprochent à ce système: le versement annuel.
Pourquoi? Parce que pour la majorité des consommateurs, recevoir 1200 $ d'un coup ou 100 $ chaque mois c'est différent! Recevoir une importante quantité d'argent d'un coup, donne un sentiment de richesse et donc une envie de dépenser d'autant plus importante! Vous me suivez? Disons, que vous soyez une famille de 4. 2 parents, 2 enfants (peu importe l'âge, car même s'ils ont une semaine, ils reçoivent le PFD), vous recevrez donc 1200 x 4= 4800 $ à la fin de l'année. Ce petit pick up ne vous semble-t-il tout de suite pas plus appétissant que si vous aviez reçu 400 $ par mois pendant 12 mois, bien plus susceptibles de se noyer dans les frais de santé, de nourriture, ...?
"Oui mais enfin ...Audie et Jenni ne vont pas plaindre les consommateurs avides de dépenser quand même!"
Oui, vous avez raison! Ce qu'ils reprochent n'est pas la société de consommation mais le fait que l'argent investi dans ce pick-up, par exemple, ne revienne pas à l'Alaska! Le pétrole appartient aux Alaskiens. Il est exploité par des entreprises qui partagent une partie (certainement très faible) de leurs bénéfices entre tous les citoyens Alaskiens, pour que ces derniers, perturbés par un apport soudain de richesses dépensent cette "compensation" dans des produits fabriqués hors-Alaska. Oui, il y a un problème. Mais après tout, qu'est ce qui nous dit que les 400 $ par mois, n'auraient pas été investis dans de la nourriture japonaise, mexicaine, ... Oui, c'est vrai... Une étude intéressante du marché serait à faire.
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